Sylvain, accompagné de sa maman et de Marcos, un jeune brésilien travaillant avec lui, nous attendent. La Toyota est là aussi. Au programme, 3 grandes journées de 4x4 sur les pistes à travers les Andes du parc de « los Pueblos del Sur ».
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Le plein avant d’attaquer les difficultés. Nous entrons dans le parc de los Puebloso del Sur.
Les nuages sont très bas, la pluie tombe. Nous pique-niquons donc sous la pluie, en haut d’un col. Nous traversons plusieurs petits villages perdus au bout d’une piste. Quelques rares locaux vaquent à leur menue occupation. Les pistes sont défoncées. La pluie les ravine profondément, créant de lourdes difficultés. La Toyota glisse, se cabre, plonge dans le gué d’un torrent. Une pente vertigineuse nous oblige à descendre à pied cette partie de piste.
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Le téléphérique de Mérida. Premier petit village des Andes.
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Le fameux Simon Bolivar. Un village, un « cow-boy » passe avec ses chevaux.
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Une petite pause avant d’attaquer les premières difficultés.
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Piste apocalyptique. Passage d’un gué après une descente vertigineuse, à pieds.
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Pique-nique dans un petit abri au passage d’un col. Torrent dans la végétation.
A 18h00 nous arrivons au village de Campo el Elies, à la maison de la signora Sergia. Notre auberge de grand chemin nous offre pour la nuit, la possibilité de vivre comme l’habitant dans la même précarité. Nous sommes au contact de la population locale. Une expérience particulièrement intéressante.
La pluie tambourine sur les tôles du toit de la maison depuis une heure du matin. Je ne dors pas. Je ne peux m’empêcher de penser aux pistes détrempées, aux éboulis et autres difficultés que nous allons devoir affronter dans cette nouvelle journée d’aventure. Sylvain nous a prévenu : Les difficultés grandissent au fil des jours. Si en plus la pluie se met de la partie, bonjour l’angoisse.
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Sergia aux fourneaux. Plat unique, œufs, riz, chorizo, galettes de maïs, copieux.
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Partie de dominos avec Lydia, Marcos et les enfants de notre famille d’accueil
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Nuit à même le sol dans la pièce commune. Séance de léger maquillage pour Josiane au petit matin.
Un solide petit déjeuner nous fait passagèrement oublier ce qui nous attend. Au menu, une assiette complète avec thon, bœuf, œufs, tomates et toujours les galettes bien bourratives qui gardent l’estomac rempli jusqu’à midi.
Les éboulements sont au rendez-vous. L’assistance se met en place pour créer les passages et guider les roues du Toyota. Sylvain me fait confiance. En flirtant avec le vide, je ne suis pas trop rassuré. Nous prenons deux jeunes filles, accompagnées d’une petite fille, en stop. Nous nous entassons à 10 dans la « Land cruiser ». Nous les déposons au village suivant où nous apprécions une bonne bière bien fraîche.
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Futur cavalier rayonnant de bonheur. Ancien cavalier, heureux d’être arrivé à grimper sur la mule.
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Auto stoppeuse coincée par les bagages. Eglise sur la place Bolivar (of course) du village.
Nous pique-niquons une fois de plus dans la nature, au passage d’un col situé à 3500 mètres. Nous sommes dans les nuages. Un petit vent froid nous pince les doigts. Les polaires sont de sortie. Un vacher pousse ses 4 vaches vers le village d’El Morro, notre destination de demain. Nous lui proposons un gros sandwich qu’il accepte avec bonheur. Il mène ses vaches au marché pour les vendre. Il lui reste 35 km à faire, à pieds. Nous repartons. Les difficultés continuent à augmenter au fil des kilomètres. Remontée de torrent, passage d’éboulis, tout est en place pour créer la vraie ambiance 4x4 aventure. Nous sortons de la forêt humide pour brutalement passer à un paysage beaucoup plus aride, d’herbe rase et d’agaves toutes en fleur. Vraiment, c’est Saisissant ! La piste se rétrécit. Elle serpente le long des flancs abrupts de cette montagne devenue inhospitalière. Au sommet d’une crête, dans une bodega perdue, une petite bière salvatrice détend l’atmosphère. Nous sommes prêts pour les difficultés restantes de la journée, sur la piste de San Pedro au village d’Acequias. Nous arrivons fatigués nerveusement à la jolie posada de ce village. Claude, Marcos et Sylvain se penche sur l’allumage du chauffe-eau à gaz. Enfin, une bonne douche bien chaude. Nous nous réunissons pour un ti’punch avant de dîner dans LE restaurant du village. Un plat unique de spaghetti sauce tomate avec poulet et banane frit. Retour à la posada où tout le monde s’endort rapidement. Il n’est même pas 20 heures.
Le dimanche 16 novembre, la posada s’éveille doucement au chant des maudits coqs omniprésents dans la nature pour t’obliger à ouvrir les paupières et te retourner dans ton lit beaucoup plus tôt que tu ne le souhaites. Donc je me lève, prends mon appareil photos et déambule dans les rues désertes d’Acequias. Seul, un vieil homme lourdement chargé passe devant l’église d’un pas tranquille et sûr, en se signant. La religion chrétienne est sérieusement ancrée dans ces campagnes vénézuéliennes lointaines.
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Nouveau passage d’un gué. Sylvie préfère, non sans risque, passer au sec.
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Josiane préfère la voiture. Passage délicat sous la voûte rocheuse.
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Un paysan lourdement chargé. Un fier cavalier nous fait une démonstration d’habilité équestre.
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Le vieil homme. La posada, notre auberge d’un soir.
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Le patio de la posada idéal pour prendre l’apéro tous ensemble. Claude admirant le patio.
Un nouveau copieux petit déjeuner pris dans notre restaurant favori, nous cale bien l’estomac pour attaquer une marche de deux heures vers les ruines d’un ancien village indien dont j’ai oublié le nom. Le temps est beau. Le soleil est enfin au rendez-vous, ce qui contraste par rapport aux deux derniers jours trop souvent passés dans le brouillard ou sous la pluie. Ce village vieux de 450 ans a été abandonné suite à deux tremblements de terre. Ce qui ne rassure pas Sylvie.
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Vieil homme montant au village, fièrement sur son petit cheval des Andes
Les villageois ont préféré grimper de quelques centaines de mètres pour créer le village d’Acequias. Je ne trouve pas ces ruines d’un intérêt particulier mais, autour de ce village l’atmosphère et le paysage des Andes donnent à ce site un décor tout particulièrement intéressant.
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Agréable promenade sur la piste des ruines. Repos pour admirer le site.
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L’habitation des derniers habitants du village. Marcos est une brebis.
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Regard par une fenêtre sur les ruines.
Nous revenons au village en Toyota, histoire de ne pas perdre l’habitude de la piste. L’après midi, nous sommes prévenus, les plus grosses difficultés du séjour restent à surmonter.
Nous attaquons à 14 heures. Sylvain choisit : Piste la plus courte mais avec plus de risques d’éboulements. Le ton est donné.
Dix minutes après la sortie du village, nous nous heurtons à un énorme éboulis associé à un effondrement de la piste. Impossible de passer. Sylvain ne renonce pas. Il cherche un passage alternatif. Un cul de sac nous oblige à faire demi-tour devant un troupeau de chèvres étonnées de voir une Toyota de touristes. Sylvain finalement trouve sa déviation, nous retombons derrière l’éboulis. Les 5 ou 6 virages suivants se passent en cahotant sur les grosses pierres qui encombrent la piste. Mais nous passons. Ensuite c’est beaucoup plus difficile. La grosse galère commence.
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Arrêt de reconnaissance. Josiane en profite pour se désaltérer. Exemple de grosse difficulté. Et oui ! nous arrivons à passer malgré ces gros cailloux et l’état de la piste.
Bravo, Sylvain !
Nous devons avec nos petites mains, Sylvain n’a pris ni pioche ni pelle, dommage, dégager la piste des énormes cailloux, créer des traces de roues dans l’éboulis pour diminuer la pente, renforcer le bas côté pour éviter que les roues ne glissent dans le ravin. Dur dur… Un travail de forçats auquel nous ne sommes pas tellement habitués. Nous transpirons. Tout le monde participe à cette aventure, pour le moins inhabituelle, mais toutefois, un brin hasardeuse. Une fois la difficulté passée, nous n’avons aucune garantie de passage derrière le virage suivant. Josiane et Sylvie partent en reconnaissance. Finalement, après 3 heures d’efforts, six éboulis franchis dans l’anxiété de ne pas réussir, Sylvain pointe le capot du Toyota au lit du torrent. Horreur ! la piste a été emportée par les crues des jours précédents. Nous faisons face à un petit dénivelé d’un mètre quatre vingt. Glup’s ! Le moral retombe dans les chaussettes. Pas le choix nous dit Sylvain, impossible de revenir à cette heure ci en arrière. Il nous faut passer. Nous nous concertons rapidement. Un dernier virage reste à négocier avant d’atteindre la berge, c’est la priorité. Sylvain engage le 4x4. La crue a creusé sous la berge, créant une dangereuse cavité. Trois manœuvres sont nécessaires pour franchir avec une roue à 5 cm du bord, ce délicat virage. Sylvain approche au ras de la berge où nous devons construire une pente pas trop abrupte. Le 4x4 ne doit pas sancir. Ce serait bête. Nous nous attelons à la tâche. Nous entassons des grosses pierres au bas de la berge et commençons ce nouveau travail de forçat. La nuit tombe, les phares nous éclairent. Une aide providentielle arrive. Deux frères qui habitent au dessus, curieux, admiratifs et peut être inquiets, ont remarqué notre entreprise aventureuse. Ils nous proposent leur aide, plus, les deux pioches et la pelle qu’ils sont allés chercher au village d’El Morro. Aussitôt le travail avance beaucoup plus vite. Il fait nuit, la pente est prête. Sylvain décide d’engager doucement l’avant de la Toyota. Le 4x4 attaque prudemment la descente caillouteuse. L’avant passe, mais la roue de secours placée sous la voiture frotte bruyamment.
Le pare-choc passe aussi. Un coup d’accélérateur, ça frotte, ça couine à l’arrière, mais c’est bon. Deux roues dans le rio, deux roues sur le milieu de la rivière, Sylvain repositionne la voiture au milieu, cahotant sur les grosses pierres. Trois difficultés restent à résoudre. Passer un premier gué, créer un passage parmi les énormes pierres du lit de la rivière, franchir le torrent pour se retrouver de l’autre côté et rejoindre la piste. La tâche semble carrément impossible ! L’aide des deux frères connaissant ce genre de situation, les efforts de Marcos, dépensés sans ménagement, cimentent notre groupe pour rendre possible ce qui paraissait dix minutes avant, impossible. Les choix tactiques arrêtés, la Toyota s’élance de nouveau dans le passage du gué mais, reste plantée au milieu deux roues sur quatre dans le vide. Horreur ! Quelques grosses pierres sont lancées sous les roues. Une petite marche arrière pour trouver un appui, le moteur rugit. Le 4x4 bondit et se retrouve de l’autre côté. Ouf ! La première étape est passée. Plus que 2. Il fait nuit noire. Des éclairs commencent à zébrer le ciel des montagnes environnantes. Sylvain s’inquiète. Nous devons quitter ce torrent avant l’orage. Le passage vers le lit du torrent s’ouvre. Des pierres énormes sont déplacées. Je n’imagine même pas pouvoir bouger de tels monstres. A 4 voir 5, pourtant les rochers frémissent puis pivotent suffisamment pour laisser le passage. Purement incroyable. Nous bossons comme des fous depuis 5 heures déjà, mais pas de fatigue encore à l’horizon. Passer ce maudit torrent, reste notre dernière difficulté. Mais, ce n’est pas la moindre ! Sous les flots boueux, nous ne voyons rien, nous ne connaissons pas la nature du fond. Marcos, accroché à un bambou, part sonder le lit du torrent. L’eau lui monte soudainement à la ceinture. Ce trou est à combler si nous voulons passer. Nous jetons nos derniers efforts dans le lancement des pierres. Ceux qui ont encore des forces arrivent à jeter d’énormes cailloux. Les miennes commencent sérieusement à diminuer et les cailloux qui me tombent sous la main deviennent de plus en plus petits. L’orage gronde souvent maintenant. On ne peut plus attendre. Sylvain décide de s’élancer. Marcos procède à un nouveau contrôle du fond du lit. C’est ok. Les filles grimpent dans le 4x4. Le moteur rugit de nouveau. Sylvain lance son véhicule dans la descente aménagée. Sous une brutale accélération, le capot plonge dans les eaux tumultueuses du torrent. Un grand boom retenti ! Je lève mes mains sur la tête d’un geste protecteur, m’attendant au pire ! Le capot ressort brutalement de dessous les flots en un bond terrible. Un nouveau choc se produit. C’est la roue de secours qui tape une fois de plus sur la même pierre. Trois puis quatre bonds, le moteur toujours hurlant, les 250 chevaux du 4,5 litres arrachent le lourd Land cruiser du lit de la rivière pour débouler sur l’autre rive. Les filles sortent ensemble chancelantes. Elles n’y croient pas. Nous non plus. Mais nous avons réussi.
Si les filles sont de l’autre côté, ils nous restent, nous les hommes à traverser ce torrent bien tumultueux. Un des frères ouvrent la voix. Je le suis, Claude est derrière moi. Nous nous tenons par la main. L’eau à la ceinture, au milieu du torrent une pierre frappe le mollet de Claude qui glisse. L’eau lui monte rapidement aux épaules. Je le retiens de mes deux mains, le vénézuélien se précipite pour m’aider. Claude se redresse, nous terminons la traversée sans encombre. Sur la berge, nous poussons un grand ouf de soulagement. Fin de l’aventure.
La fraîcheur tombe vite la nuit dans les montagnes, impossible de rester trempé. Les bagages sont sans dessus dessous. J’arrive à retrouver mon sac dans ce capharnaüm et sortir mes habits secs. Claude et Marcos se changent également. Le chargement est réorganisé. Nous nous élançons maintenant sur la piste n°1. Au premier virage, un grincement fort désagréable se fait entendre du côté de la roue avant droite. Une rapide inspection dévoile le problème. Le pare choc frotte sur la roue, conséquence du grand choc lors de la descente dans le lit du torrent. Deux clés de 10 sorties de la vieille Toyota des vénézuéliens et 15 minutes plus tard, nous nous remettons en route vers El Morro. Il est collégialement décidé de s’y arrêter boire une bonne bière bien fraîche en compagnie des deux frères. Nous arrivons crevés à 10 heures du soir à la posada « Alemania Suiza ».
Nous nous séparons un peu rapidement, trop peut être, de Sylvain, Lydia et Marcos. Nous voulons parler encore des éboulis, des énormes pierres bloquant les passages, nous remémorer tous ces moments forts, vécus ensemble. Mais il est tard, la fatigue est omni présente sur les visages de tous. La tension nerveuse n’est pas encore retombée. Les efforts physiques nous ont anéantis. Mais nous sommes heureux d’avoir participé à une telle inoubliable aventure que nous ne referons certainement jamais.
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RAID 4*4 dans les ANDES du VENEZUELA
- dourouni
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Re: RAID 4*4 dans les ANDES du VENEZUELA
Superbe!! merci pour tes textes et tes photos!! c est super de nous faire partager ca!!
Don't grow up, get bigger toys!!
HDJ 80 GX 24s 1996 & Duster 2014
ex HZJ 76 LX 2008; ex BJ 75 1988 ex Mitsubishi Outlander 2005 ;ex Suzuki Jimny 2003; ex 3008 2010
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Re: RAID 4*4 dans les ANDES du VENEZUELA
Bonjour!
Et voici la video associée au récit! L'image n'est pas très bonne mais cela donne une idée!
Et voici la video associée au récit! L'image n'est pas très bonne mais cela donne une idée!
Re: RAID 4*4 dans les ANDES du VENEZUELA
sympa la balade
merci pour les photos
chaudes les pistes!!!! il vaut mieux avoir l'oeil bien ouvert et l'apéro "léger".......
merci pour les photos
chaudes les pistes!!!! il vaut mieux avoir l'oeil bien ouvert et l'apéro "léger".......